Vu de l’extérieur, le ballet semble bien organisé. Les ambulances franchissent une barrière avant de filer, juste à leur gauche, dans un sas d’entrée où les patients peuvent être pris en charge. Ceux qui arrivent à pied ont, eux, un accès bien signalé. Bienvenue aux urgences du Nouvel hôpital civil (NHC) de Strasbourg.
Chaque jour, le service accueille environ 200 personnes. Autant se rendent dans l’autre grand établissement de la capitale alsacienne, Hautepierre. Pour des urgences parfaitement réglées et efficaces ? Pas si sûr.
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Le syndicat Force ouvrière (FO) alerte depuis des mois sur une situation qui se dégrade. Début décembre, il l’avait dénoncée auprès de la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi. Il vient même d’aller encore plus loin en déposant plainte « avec constitution de partie civile devant la doyenne des juges d’instruction auprès du tribunal judiciaire » de la ville.
« Nous n’avons pas été informés d’une ouverture d’enquête donc nous continuons notre procédure », explique leur avocat, Me Airoldi. « Nous avons déposé plainte contre X dans le but d’obtenir une meilleure prise en charge des patients et de meilleures conditions de travail pour les soignants. Nous voulons faire bouger les choses. »
Deux plaintes pour morts suspectes
Le conseil évoque un « fonctionnement particulièrement dégradé » au sein des urgences des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). « Ce qui met en insécurité les professionnels et les patients », insiste le secrétaire FO des HUS, Christian Prudhomme, en rappelant la mort d’un patient dans ce fameux service.
C’était en septembre 2022 et l’octogénaire aurait alors été découvert sans vie « après avoir passé vingt heures sur un brancard » selon le syndicat. En avril de la même année, un autre avait connu le même sort, lui aussi après une longue attente. Deux plaintes ont été déposées et des enquêtes sont en cours.
Qu’en est-il sur place ? Ces signalements ont-ils fait évoluer la prise en charge ? Fin décembre 2023, des préfabriqués ont été installés sur le parking. Cette « Unité sanitaire mobile » peut accueillir jusqu’à huit patients en cas de forte tension et leur « permettre d’attendre une prise en charge médicale », dixit les HUS.
Ce mardi après-midi, elle n’était pas en service. « On est mobilisé seulement quand il y a trop de monde à l’intérieur », explique à 20 Minutes un des ambulanciers présents à l’intérieur. « Elle a seulement permis une rotation plus rapide. Au lieu d’attendre dans les ambulances, les patients patientent dans ces conteneurs. Certains sont restés jusqu’à vingt heures là-dedans ! Et encore, dans des brancards qui ne sont même pas de la même largeur qu’à l’hôpital ! », accuse Christian Prudhomme en assurant que les problèmes persistent. « Dimanche soir, il y avait encore six ambulances qui attendaient ici. Certains soirs, ils ont pu attendre jusqu’à dix heures. »
« Des collègues sont même restés une nuit »
Des chiffres qui ne surprennent pas les professionnels croisés sur place. « Ici, oui, on reste plus qu’ailleurs, parfois quatre à cinq heures. Des collègues sont même restés une nuit », expliquent deux ambulancières en reconnaissant que l’Unité sanitaire mobile a permis une amélioration. « Moi j’ai déjà été bloqué trois heures devant les NHC », ajoute un autre. « On ne voit ça qu’aux NHC. Les ambulanciers salariés, ça ne les embête pas trop mais moi, je suis payé à la course… »
Contactés par 20 Minutes, les Hôpitaux universitaires de Strasbourg n’ont pas répondu à l’heure où nous publions cet article. Mais des aménagements sont d’ores et déjà prévus aux urgences du NHC avec une première salle d’accueil, « où huit patients seront surveillés par deux aides-soignants » selon FO, pas favorable à cette nouveauté. « On ne peut pas continuer comme ça », conclut Christian Prudhomme.